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CHAPITRE III

De la méthode de composition, et particulièrement de celle qu’observent les géomètres.


Ce que nous avons dit dans le chapitre précédent nous a déjà donné quelque idée de la méthode de composition, qui est la plus importante, en ce que c’est celle dont on se sert pour expliquer toutes les sciences.

Cette méthode consiste principalement à commencer par les choses les plus générales et les plus simples, pour passer aux moins générales et plus composées[1]. On évite par là les redites ; puisque, si on traite les espèces avant le genre, comme il est impossible de bien connaître une espèce sans en connaître le genre, il faudrait expliquer plusieurs fois la nature du genre dans l’explication de chaque espèce.

Il y a encore beaucoup de choses à observer pour rendre cette méthode parfaite et entièrement propre à la fin qu’elle doit se proposer, qui est de nous donner une connaissance claire et distincte de la vérité : mais, parce que les préceptes généraux sont plus difficiles à comprendre quand ils sont séparés de toute matière, nous considérerons la méthode que suivent les géomètres comme étant celle qu’on a toujours jugée la plus propre pour persuader la vérité et en convaincre entièrement l’esprit, et nous ferons voir premièrement ce qu’elle a de bon, et en second lieu, ce qu’elle semble avoir de défectueux.

Les géomètres ayant pour but de n’avancer rien que de convaincant, ils ont cru pouvoir y arriver en observant trois choses en général :

La première est de ne laisser aucune ambiguïté dans les

  1. C’est encore là une des règles sur lesquelles Descartes aime à revenir.