Page:Arnauld et Nicole - Logique de Port-Royal, Belin, 1878.djvu/369

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qu’il vaut mieux néanmoins ne pas le garder que de manquer à prouver invinciblement ce que l’on avance, et s’exposer à tomber dans quelque erreur et quelque paralogisme, en recherchant de certaines preuves qui peuvent être plus naturelles, mais qui ne sont pas si convaincantes ni si exemptes de tout soupçon de tromperie.

Cette réponse est très-raisonnable, et j’avoue qu’il faut préférer à toutes choses l’assurance de ne point se tromper, et qu’il faut négliger le vrai ordre, si on ne peut le suivre sans perdre beaucoup de la force des démonstrations, et s’exposer à l’erreur : mais je ne demeure pas d’accord qu’il soit impossible d’observer l’un et l’autre, et je m’imagine qu’on pourrait faire des éléments de géométrie où toutes choses seraient traitées dans leur ordre naturel, toutes les propositions prouvées par des voies très-simples et très-naturelles, et où tout néanmoins serait très-clairement démontré. (C’est ce qu’on a depuis exécuté dans les Nouveaux Éléments de Géométrie[1], et particulièrement dans la nouvelle édition qui vient de paraître.)


CHAPITRE XI

La méthode des sciences réduite à huit règles principales.


On peut conclure de tout ce que nous venons de dire, que pour avoir une méthode qui soit encore plus parfaite que celle qui est en usage parmi les géomètres, on doit ajouter deux ou trois règles aux cinq que nous avons proposées dans le chapitre ii : de sorte que toutes ces règles peuvent se réduire à huit,

Dont les deux premières regardent les idées, et peuvent se rapporter à la première partie de cette Logique ;

La 3e et la 4e regardent les axiomes, et peuvent se rapporter à la seconde partie ;

La 5e et la 6e regardent les raisonnements, et peuvent se rapporter à la troisième partie ;

Et les deux dernières regardent l’ordre, et peuvent se rapporter à la quatrième partie.

  1. Les Nouveaux Éléments d’Arnauld, contenus dans le tome XI de ses œuvres.