Page:Arnauld et Nicole - Logique de Port-Royal, Belin, 1878.djvu/397

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EXTRAITS ET ÉCLAIRCISSEMENTS

Relatifs à la logique

I

ARISTOTE

Le syllogisme, l’induction et la définition d’après Aristote.


De même que, dans la morale, le bien, qui en soi est un extrême, se trouve dans le milieu entre les passions, de même la cause, extrémité, commencement ou fin dans la nature, est le terme moyen dans la science. Mais de même aussi que ce qui fixe entre les excès des passions le milieu du bien, c’est l’excellente de la raison en sa libre activité, de même c’est l’activité de la pensée qui détermine et qui réalise la cause dans la science, sous la forme du moyen terme. La sagacité à découvrir les causes n’est autre chose que la perspicacité dans la détermination d’une limite, ou mesure commune, entre deux termes homogènes. Ainsi, quelle que soit l’étendue d’une démonstration, la science ne sort pas des termes dont elle se propose de trouver le rapport : elle commence par diviser le milieu renfermé dans les limites de la conclusion, puis elle le resserre sur lui-même, et le condense jusqu’à ce que les extrêmes se confondent et ne fassent plus qu’un. Si l’on donne au géomètre une figure dans l’espace, ou que, cherchant une figure, il se la propose à lui-même, c’est en menant des lignes ou des surfaces par quelqu’un des points ou quelqu’une des lignes de cette figure qu’il en développe les propriétés : toute science fait de même. En effet, toute pensée est dans l’acte ; la pensée ne pense rien que ce qu’elle fait venir à l’acte. On ne sait qu’en faisant : savoir c’est faire ; or l’objet de la science est donné à la science, soit dans le possible, soit dans le réel. On ne connaît donc rien qu’en amenant à l’acte, par la division, ce qui n’est