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sont que diverses classes auxquelles ce philosophe a voulu réduire tous les objets de nos pensées, en comprenant toutes les substances sous la première, et tous les accidents sous les neuf autres[1]. Les voici :

I. La substance[2], qui est spirituelle, ou corporelle, etc.

II. La quantité[3], qui s’appelle discrète, quand les parties n’en sont point liées, comme le nombre ;

Continue[4], quand elles sont liées ; et alors elle est ou successive, comme le temps, le mouvement ;

Ou permanente, qui est ce qu’on appelle autrement l’espace, ou l’étendue en longueur, largeur, profondeur ; la longueur seule faisant les lignes, la longueur et la largeur les surfaces, et les trois ensemble les solides ;

III. La qualité[5], dont Aristote fait quatre espèces.

La première comprend les habitudes, c’est-à-dire les dispositions d’esprit et de corps, qui s’acquièrent par des actes réitérés, comme les sciences, les vertus, les vices, l’adresse de peindre, d’écrire, de danser ;

La deuxième, les puissances naturelles, telles que sont les facultés de l’âme ou du corps, l’entendement, la volonté, la mémoire, les cinq sens, la puissance de marcher ;

La troisième, les qualités sensibles, comme la dureté, la mollesse, la pesanteur, le froid, le chaud, les couleurs, les sons, les odeurs, les divers goûts ;

La quatrième, la forme et la figure, qui est la détermination extérieure de la quantité, comme être rond, carré, sphérique, cubique.

IV. La relation[6], ou le rapport d’une chose à une

  1. Les catégories d’Aristote, qui ne méritent point le dédain d’Arnauld, expriment les éléments les plus simples de la pensée et de l’existence. C’est plutôt une division métaphysique que logique. On sait que Kant a proposé aussi une table des catégories.
  2. « Aristote, dit Bossuet, a défini la substance : ce qui est le sujet, et l’accident : ce qui est dans un sujet ; et encore : la substance, dit-il, est ce qui est, et en qui quelque chose est ; et l’accident est ce qui n’est qu’en un autre ; ce qui est inhérent à un autre. — Les accidents, comme on dit dans l’école, ne sont pas tant des êtres que des êtres d’être, accidens non tam est ens quam entis ens. » (Logique, liv. I, ch. LII.)
  3. « Aristote appelle quantité ce qu’on répond à la question : Combien ce corps est-il grand ? Il est grand de deux, de trois pieds, deux ou de trois coudées. On détermine par cette réponse la grandeur, la quantité, l’étendue d’un corps. » (Bossuet, Logique, liv. I, ch. LII.)
  4. Les quantités continues sont par cela même divisibles à l’infini.
  5. « Aristote ne définit pas autrement la qualité que ce qui fait les choses telles ou telles. Quelle est cette chose ? Elle est blanche ou noire, douce ou amère, et ainsi du reste. » (Bossuet, Logique, liv. I, ch. LII.)
  6. « Les choses qui ont relation aux autres sont celles, dit Aristote, qui, considérées en ce sens, n’ont rien qui ne regarde une autre. Le père, en tant