Page:Arnelle - Une oubliee madame Cottin.djvu/110

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« Vous avez pu vous apercevoir que j’avais l’air mal à mon aise quand je vous ai vu dernièrement ; c’est la cause de cette gêne jointe à quelques phrases qui vous sont échappées, qui m’ont fourni les réflexions sérieuses que je viens vous communiquer.

« L’amitié, avez-vous dit, doit être plus tendre entre un homme et une femme ; plus tendre, je ne le crois pas ; plus réservée, il n’y a pas de doute, et cette réserve qui tient à la différence des sexes, non à la méfiance, peut, je le conçois, y ajouter un intérêt plus piquant. Mais cette réserve peut-elle s’accorder avec l’abandon absolu, la confiance illimitée, la liberté de penser tout haut, qui font la base de l’amitié ? Non, pas entièrement ; alors ce partage doit la détruire, car l’amitié est exclusive et croit n’avoir rien quand elle n’a pas tout. C’est donc une chimère de penser qu’elle peut exister. En vérité, je le croirais si je ne la sentais pas dans mon cœur et si je n’en avais pas eu le plus touchant modèle dans ma Julie et celui qui fit le court bonheur de ma vie. Mais ce qu’il y a de certain, c’est que c’est peut-être le plus rare