Page:Arnelle - Une oubliee madame Cottin.djvu/238

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pour les lui démontrer ; plus je me serais assurée que le bonheur était là, plus je m’y serais attachée pour la forcer à me suivre et à le trouver aussi ; et les occupations que je poursuis encore, peut-être les aurais-je abandonnées pour me livrer à la seule occupation de la convaincre. Madame, ne serait-ce pas une bien faible amitié que celle qui, trouvant plus facile de partager les erreurs de ses amis que de s’efforcer de les ramener à la vérité, se laisserait aller avec eux dans le torrent du monde sans guide et sans appui, tandis qu’avec un peu de force elle aurait pu leur en fournir un ?

« Supposez-moi perdue dans un désert, avec la personne qui m’est la plus chère, voici que tout à coup j’ai trouvé le chemin qui ramène à ses foyers. J’y entre, elle ne me voit pas et ne me suit point, que faut-il faire alors ? Revenir sur mes pas et continuer à m’égarer avec elle. Non… Non, madame, car ce n’est pas moi seule que je perdrais, c’est encore elle que je perdrais avec moi, et peut-être je puis la sauver et peut-être en l’appelant toujours m’entendra-t-elle, et si ma vie entière n’a pas suffi pour l’entraîner,