Page:Arnelle - Une oubliee madame Cottin.djvu/246

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façonnées par Jean-Jacques, dont l’empreinte récente avait marqué tant d’esprits français.

Dans tous les cas, cette lettre prouve que son amour pour Azaïs fut platonique, quoi qu’en puissent penser certains biographes. Lui était trop froid et rêveur, elle à ce moment trop emballée sur la vertu pour qu’il en fût autrement et on doit la croire quand elle écrira plus tard de cet amour : « L’innocence n’eut point à rougir, il fut pur, irréprochable. »

Toutefois les satisfactions du cœur ne nuisaient pas au travail du cerveau et, ainsi qu’elle l’écrivait à son beau-frère, l’auteur s’occupait assidûment de son grand roman et le meilleur, Mathilde, qu’elle ne mit pas moins de trois ans à construire. Ne se contentant pas de la solitude qu’elle était venue chercher si loin de Paris, elle adopta, sur la pente d’une des montagnes[1] les plus rapprochées de Bagnères, un petit vallon retiré et charmant aux ombrages épais. Une source transparente, jaillissant du fond de ce petit Éden, court sur des galets, formant de loin en loin de minus

  1. Le Bédat.