Page:Arnelle - Une oubliee madame Cottin.djvu/98

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manière d’être. Vous l’auriez dû ; si vous êtes mon ami, aucune considération ne doit arrêter. Je ne comprendrai jamais que l’amitié puisse craindre de blesser. Je me trompe, elle doit blesser, mais c’est lorsqu’elle se retient et jamais quand elle s’abandonne. Vous avez dû trouver quelques ombres, quelques contradictions dans mon caractère, mes lettres portent presque toujours une teinte sérieuse, grave, peu analogue à l’espèce de gaieté dont vous avez été témoin. Vous avez dû être frappé de cette différence. »

Différence qui s’explique très humainement. Lorsqu’on a été atteint par la douleur, au plus profond de l’être, le courant ordinaire de la vie, la routine des occupations, le mouvement forcé, la distraction inévitable, rétablissent une manière d’être pour ainsi dire superficielle. Mais quand on est au repos, au calme, dans la solitude, en face de soi-même et de ses pensées, le chagrin se fait sentir encore plus lourd, plus amer et tout naturellement s’épanche dans la correspondance, ou se manifeste par un ton plus grave, plus triste. Mme Cottin partageait donc cette sorte de dualité avec tous les êtres qui sentent vivement, qui