Page:Arnold - La Lumière de l’Asie.djvu/47

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s’enroulait en longues vagues douces derrière la charrue, et le laboureur appuyait ses deux pieds sur le soc bondissant pour faire le sillon plus profond. Au milieu des palmiers, les ruisseaux bouillonnants murmuraient et la terre joyeuse brodait leurs bords de balsamines et de citronnelles aux feuilles barbelées. Ailleurs, il y avait des semeurs qui allaient semant ; et toute la jungle riait, avec des chansons dans les nids, et toutes les broussailles bruissaient de la vie des êtres infimes, le lézard, l’abeille, l’escarbot et les bêtes rampantes, car tous étaient joyeux de ce temps de printemps. Dans les branches des manguiers, les colibris étincelaient ; seul à sa forge verte, le chaudronnier[1] bruyant travaillait ; les guêpiers au bec recourbé poursuivaient les papillons diaprés ; à côté, les écureuils rayés[2] chassaient, les maïnas se rengorgeaient et picoraient, les sept sœurs brunes[3] jacassaient dans le buisson, le chat-tigre bigarré, mangeur de poissons, était perché au bord de l’étang, les aigrettes marchaient paisiblement au milieu des buffles, les milans tournoyaient dans l’air doré ; auprès du temple aux brillantes couleurs les paons s’envolaient, les pigeons bleus roucoulaient sur chaque mur ; au loin, les tambours du village résonnaient pour

  1. Oiseau de la famille du pic.
  2. Espèce de petit écureuil, nommé aussi rat palmiste, très commun dans l’Inde.
  3. Sortes de maïnas qui vont généralement par groupes de sept.