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lui demandait ses souvenirs, consistant surtout en bons mots, sur une personne morte depuis vingt ans, d’oublier la moitié de ce qu’il sait et de retrouver le reste quand il n’en serait plus temps ?

Tous ces détails que Racan avait réservés ou qu’il retrouvait partout dans sa mémoire, il ne se fit pas faute, étant grand conteur par nature, de les conter à ses amis tels que Ménage, Conrart et Chapelain, avec qui il était très lié précisément vers ces années 1650-55, comme le prouvent les cinq charmantes et confiantes lettres qu’il leur adresse à cette époque (Racan, t. I, p. 319-359). Ils durent eux-mêmes l’interroger plus d’une fois, eux, plus jeunes que lui, avides de tous les détails concernant le poète illustre des premières années du siècle. Et alors Ménage en 1666, dans son édition de Malherbe, à laquelle il pensait depuis 20 ans, profita de « ce qu’il avait ouï dire à M. de Racan », et Tallemant des Réaux, qui avait eu connaissance de tous les détails sur Malherbe, et de ceux qui étaient manuscrits, et de ceux qui étaient oraux, en fit en 1657 son Historiette sur le maître : quant à Conrart, qui notait tout dans ses papiers, il inséra entre 1650 et 60, quelques feuillets intercalaires dans sa copie des Mémoires, se faisant ainsi en quelque sorte le fidèle secrétaire de Racan.

Notre Titre.

On comprend donc à la fin par quelles raisons se justifie le titre que nous avons cru pouvoir donner