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une simple supposition (sic) que je place ici en manière de pierre d’attente. »

Cette ingénieuse hypothèse est inadmissible à cause des indices manifestes d’une intercalation postérieure de ces anecdotes dans la copie des Mémoires rédigée par Conrart.

Nouvelle hypothèse.

Ce qui est beaucoup plus probable, c’est que Racan ne les avait point écrites avec le reste. Pour les unes, comme 16 et 30, une juste retenue l’en avait empêché. La prudence politique et religieuse au temps de la Fronde dut le garder de 14, 24, 31 et 33. Le respect du grand Condé lui dicta le silence sur 12, celui de des Yveteaux sur 15, et s’il avait rapporté bonnement bien des rudesses de son maître, il dut juger inutile de répéter les mauvais vers de sa jeunesse ou les parodies qui avaient fait rire à ses dépens : tel est le cas de 1, 17, 20, 22 ; sans compter les anecdotes, telles que 7 et 20, qui ne nuisaient pas précisément à Malherbe, mais étaient loin de rien ajoutera sa gloire.

Enfin, pour les autres qui font le plus grand nombre, peut-être même pour celles dont nous venons de parler, il convient d’invoquer tout simplement l’oubli, raison pleinement valable avec un « maistre resveur[1] » comme Racan, qui oublia tant dans sa vie parce qu’il manquait et de mémoire et d’attention.

À qui de nous d’ailleurs n’arriverait-il pas, si on

  1. (Tall. II, 361.