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suffisamment. Chacun se rappelle le bel aspect des bataillons de marche, lorsque le gouvernement, contraint par le mouvement du 31 octobre, n’osa plus refuser cette satisfaction à la garde nationale. Moins d’un mois après leur organisation, ils manœuvraient avec plus d’ensemble et de rectitude que la troupe, et surtout montraient un air martial et résolu, bien différent de l’air ennuyé et mal résigné de la plupart des soldats et des mobiles.

Il est acquis, d’ailleurs, qu’un garde national apprend en un jour ce qu’un soldat n’apprend pas en un mois.

Il y a, chez le premier, un niveau moral supérieur, dont le bénéfice se retrouve partout. Le garde national sait ce qu’il fait, en comprend l’importance, y apporte une volonté personnelle. Ce n’est pas un instrument passif, c’est un collaborateur actif. Son courage aussi n’est pas simplement le résultat du respect de la discipline et de l’habitude de l’obéissance. C’est le courage raisonné d’un homme libre qui fait sciemment le sacrifice de sa vie à une idée, à une conviction, à un devoir.

Nul, après le siége de Paris, ne peut croire aux armées permanentes, ramassis coûteux d’esclaves conduits par des chefs misérables, pour qui verser le sang est un métier, un gagne-pain et un gagne-croix, et qui ont, de tout temps, versé le sang du peuple avec plus de rage que celui de l’ennemi.

Est-ce qu’un 2 Décembre ne rapporte pas autant à un Vinoy, que la plus belle victoire sur les Prussiens ? Et il n’a pas eu à se déranger, à supporter les fatigues et les longs ennuis d’une campagne.