Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v1.djvu/52

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L’expérience est faite, désormais. Elle est acquise à l’histoire. On se rappellera que la garde nationale parisienne, malgré le gouvernement, malgré les généraux, malgré leurs soldats, a tenu les Prussiens cinq mois sous les murs de Paris, et transformé l’occupation des Champs-Elysées, consentie par Jules Favre, en une véritable humiliation que Guillaume et Bismark ne voulurent pas vider jusqu’au bout.

On se rappellera que « la plus belle armée de la France[1] » a, sous l’œil des Prussiens qu’elle respectait, bombardé Paris, pendant deux mois, promené, pendant huit jours, le meurtre, le pillage, l’incendie dans la capitale de la France, éventrée par ses obus à pétrole.

Le gouvernement montra, d’abord, quelque forfanterie. Jules Favre jura qu’il ne céderait « ni un pouce de territoire, ni une pierre des forteresses, » comme Ducrot devait jurer plus tard de ne rentrer que « mort ou victorieux, » comme Trochu, décidé à la capitulation, jurait, huit jours avant cette capitulation, que « le gouverneur de Paris ne capitulerait jamais ! »

Il est vrai qu’il donnait sa démission de gouverneur de Paris, le 22 janvier, ajoutant un tour de passe-passe à un mensonge.

Du reste, ils mentaient tous à qui mieux mieux, avec une sorte d’émulation joyeuse, comme s’ils eussent été payés aux pièces ; — je veux dire, au mensonge.

Ce sont les mêmes hommes encore qui, le 31 octobre, juraient également de faire élire le conseil communal de Paris, et de ne poursuivre

  1. Parole de Thiers.