Page:Arnould - Quelques poètes, 1907.djvu/106

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lait pas assez ses vers » et lui reprochait ses trop grandes licences. Dans les conférences littéraires, il se montra toujours le plus indépendant de tous et eut l’honneur d’être traité d’ « hérétique en poésie » par le grand pontife de l’orthodoxie.

François de Maynard, au contraire, à qui l’on commence seulement à restituer ses véritables œuvres, avait une parfaite entente métrique avec Malherbe, et, dans les réunions, ils s'unissaient souvent contre Racan, leur commun ami. Malherbe le jugeait ainsi : « Vous êtes celui de tous qui fait le mieux des vers [c’est-à-dire évidem-ment, étant donné le faible du maître, qui combine le mieux des rythmes], mais vous n’avez point de force. »

Originaire du Quercy et arrivé à Paris la même année que Malherbe, Maynard avait d’abord fait partie de la petite Académie de Marguerite de Valois, au Pré-aux-Clercs, s’y était lié intimement avec Régnier, près de qui il aiguisa son goût assez heureux pour les épigrammes, et aussi avec Desportes. Il avait passé ensuite dans le camp adverse, où il se montra un bon disciple de Malherbe, mais en y joignant un sens fin du pittoresque, qui se donne carrière entre autres dans son Manifeste aux « Petits Gentilshommes à lièvres » de sa province :

…Vous voilà soudain en campagne
sur quelque rosse d’Allemagne
lasse de servir au charroi.