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Page:Arnould - Quelques poètes, 1907.djvu/107

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MALHERBE


Sans craindre échafaud ni galère,
les fougues de votre colère
font la figue aux édits du roi.

…Les soldats et les capitaines,
vous les égorgez à centaines,
comme s’ils étaient des poulets.
Que vos menaces étourdies
sont de plaisantes comédies
à faire rire vos valets !

Votre dépit éclaire et tonne,
et jure que s’il s’abandonne
il détruira le genre humain.
Miracle de l’âge où nous sommes :
vous tuez aujourd’hui des hommes
qui vous souffletteront demain.

Fidèle aux traditions parlementaires de sa race, l’auteur du Manifeste se fit nommer président au siège présidial d’Aurillac ; mais la vie de province lui coûta singulièrement, et il fut atteint de ce mal qui n’est rare à aucune époque, chez les provinciaux, et qui consiste à se croire et surtout à se dire provincial en tout, et arriéré dans les manières et le langage. Il échappait souvent à sa charge, gagnait Paris en hâte, venait se loger tout près de Malherbe… et du Louvre, reprenait avec délices sa place aux réunions littéraires de l’auberge Notre-Dame, et dans les intervalles intriguait à la Cour pour obtenir une situation à Paris… Mais il n’y réussissait point ; malgré les odes qu’il lui dédiait, il ne plaisait pas à Richelieu et il retournait dépité dans son Auvergne. En 1634 il partit pour l’Italie où il s’étourdit trois