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QUELQUES POÈTES

solation de Malherbe arriva trop tard : le veuf était remarié. La chose était cette fois irréparable ; le poète ne pouvait vraiment pas obliger le conseiller à perdre sa seconde femme pour rendre la vérité à ses vers. Décidément, Malherbe ne consolait pas vite.

On l’appelait le Père Luxure chez M. de Bellegarde, où pourtant l’on n’était pas prude ; l’une des deux raisons de ce surnom est qu’il avait le mot fort cru. Racan en cita bonnement, sans y entendre malice, quelques échantillons dans les « Mémoires » ; il recula devant d’autres dont il se borna à égayer maintes fois ses familiers. Conrart a le mauvais goût de les rapporter. Mais nous ferons grâce à nos lecteurs, tant ces mots sont grossiers.

Nous retrouvons la gaillardise toute gauloise du bonhomme dans la plus longue historiette de notre manuscrit. Elle nous présente la silhouette d’un singulier personnage, un peu détraqué, semble-t-il, un de ces hommes comme en produit chaque époque, qui, ne pouvant se ranger dans un des innombrables cadres sociaux de leur temps, ont la manie d’en fonder un personnel pour eux et leurs amis.

« Un nommé Chaperonnaye qui se faisoit appeller le chevalier de la Madelaine, parce qu’il avoit