Page:Arnould - Quelques poètes, 1907.djvu/145

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obtenu permission du Roy Louis XIII d’instituer un ordre de ce nom-là, eust d’abord le dessein de bastir une Maison dans la forest de Fontainebleau, pour ceux qui voudroyent estre de cet ordre. Mais, ayant changé d’avis , il demanda permission au Roy de faire dresser une espèce d’oratoire dans la Galerie du Louvre où sont les portraits des Roys. S. M. la lui ayant accordée, il fit dresser un grand Pavillon dans cette galerie, en forme de petit hermitage, de velours Supraris, doublé de toile d’argent. Il passoit là les jours et les nuits, sans sortir à ce qu’il disoit, avec un sien compagnon, tous deux vestus d’une robbe d’hermite de Drap gris, en broderie de laine rouge[1]. »

Un jour, le roi va dans la galerie avec beaucoup de noblesse : Malherbe suit. On devine la solennité de cette visite royale, les propos des nobles, l’admiration des uns pour l'hermitage, la curiosité des autres pour l'hermite. Malherbe s’approche de lui et lui demande : « Puisqu’il ne sort point de ce lieu-là, où fait-il donc ses nécessitez naturelles ? — A quoy n’ayant pas répondu nettement, le Roy », craignant… pour sa galerie, lui commanda de la quitter.

M. de Racan le vit depuis avec son camarade, qui avoyent quitté l’habit d’hermite, et estoyent vestus de deux habits qu’ils s’estoyent fait faire

  1. Nous n’avons pu retrouver nulle part ce qu’était le velours « Supraris ».