Page:Arnould - Quelques poètes, 1907.djvu/149

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avec une simplicité extrême, il était dans l'aisance à la fin de sa vie[1].

D’ailleurs, en y comprenant Corneille lui-même, un Normand meurt-il pauvre ?

Tels sont les principaux détails inédits que Racan avait coutume de rapporter à Conrart et qui formèrent, au 17e siècle, comme le Supplément oral des Mémoires manuscrits pour la vie de Malherbe. Même avec ce supplément, les Mémoires ne donnent pas encore un portrait en pied du poète : on ne voit au clair ni les grandes lignes de sa réforme, ni le fond de son âme, que nous avons tenté de restituer dans le chapitre précédent. On prend du moins une idée du tour de son humeur, de sa parole et de son esprit ; on est édifié sur ses mots, ses repas, son vêtement, le croirait-on ? jusque sur le goût « agréable de ses sueurs en sa jeunesse » : c’est une promenade au bord plutôt qu’au dedans de cette vie ; c’est son his-

  1. Il semble le dire lui-même dans une mauvaise strophe d’une de ses dernières pièces : il s’estime au fond content

    d'avoir bien vécu dans le monde
    prisé (quoique vieil abattu)
    des gens de bien et de vertu :
    et voilà le bien qui m’abonde.

    Et nous pouvons l’en croire, après toutes les lamentations qu’il a envoyées pendant si longtemps sur ce sujet à ses amis Peiresc et Racan. Néanmoins le dernier vers ne prête-t-il pas à une équivoque sur le sens ?