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Page:Arnould - Quelques poètes, 1907.djvu/172

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mais je connais bien sa finesse,
elle n’est enfant que pour moi ?

Lorsque, les yeux baignés de pleurs,
je lui dis que de mes douleurs
le remède est en sa puissance,
la mauvaise, qui le sait bien,
d’un petit souris d’innocence
veut feindre de n’en savoir rien.

Je vois bien que jamais le temps
ne rendra mes désirs contents,
la fortune m’est trop contraire,
mais d’une si belle prison
penser par raison m’en distraire,
c’est avoir faute de raison[1]
 

Ce badinage galant ne dépasse point, dans son ensemble, la moyenne ordinaire du genre. Mais si l’on veut se faire une idée plus complète de la gracieuse et naturelle élégance du poète, l’on peut lire sa belle ode sur la Venue du Printemps. Elle est dédiée à M. de Termes, le frère du protecteur et tuteur de Racan, le duc de Bellegarde ; ce jeune seigneur, cavalier brillant, beau joueur en guerre comme en amour, était le vivant et perpétuel printemps de la cour, aux dernières années d’Henri IV comme aux premières de Louis XIII.


Enfin, Termes, les ombrages
reverdissent dans les bois ;
l’hiver et tous ses orages
sont en prison pour neuf mois ;

  1. Le pléonasme des deux avant-derniers vers (prison et en)
    est fréquent chez notre poète, comme chez Malherbe et leurs
    contemporains.