Page:Arnould - Quelques poètes, 1907.djvu/188

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poète dut emprunter toute sa vie, et il connut la gêne en chapeau à plumes. Déjà, autrefois, Henri IV avait dû intervenir pour sauver son page des poursuites des créanciers. En 1615, le jeune homme avait été forcé de vendre sa terre de Longaulnay, dont il portait le titre de baron, à Henri de Lavardin, chez qui plus tard Mme de Sévigné devait s’arrêter souvent, en allant aux Rochers, pour « bavardiner » avec sa vieille amie, et en 1623 commençait une saisie de la terre de la Roche[1].

Dans ses difficultés matérielles, Racan trouvait aide et conseil auprès du lieutenant criminel de Tours, M. Roger ; il le remerciait de cette façon aussi économique que spirituelle :


Si, pour tant de plaisirs divers,
de peine et de sollicitude,
je ne vous donne que des vers,
ne m’accusez d’ingratitude :
les dieux, de qui vous imitez
toutes vos belles qualitez,
si rares au temps où nous sommes,
combien qu’en diverses façons
ils veillent pour le bien des hommes,
ils n’en sont payés qu’en chansons.

Le jeune officier faisait, en 1620, dans la Cornette blanche, une nouvelle promenade militaire qui amenait la signature du traité d’Angers.

Si ses campagnes ne lui rapportaient pas la

  1. Acte inédit du 12 août, trouvé par M. l’abbé P. Calendini dans une étude d’un notaire de la Flèche.