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Page:Arnould - Quelques poètes, 1907.djvu/208

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QUELQUES POÈTES

nous voici délivrez des soins de la récolte ; nous voicy en estât de gouverner les Muses [de vivre avec elles] et de rendre compte à mes amis du progrès que j’auray fait en leur conversation. »

La lettre reprend au milieu :

« La fumée des vins nouveaux que je venois de quitter m’avoit endormy en cet endroit. A mon réveil, je me suis souvenu que M. Conrart m’avait convié de mettre par escrit les petites friponneries de ma jeunesse… »

Ailleurs, se lit cette poétique profession de foi sur la liberté du style épistolaire :

« … Je me suis résolu de commencer les lettres que je vous enverrai sans préparation, et de laisser conduire ma plume au hazard, comme mes pas dans mes promenades, où quelquefois, quand je me suis proposé d’aller te long de mes ruisseaux cueillir quelque fleurette champêtre pour vous présenter, ma rêverie m’emporte au travers des landes, où je ne trouve que des ajoncs et des bruyères », des bruyères comme son berceau de Ghampmarin en était tout enveloppé.

Voilà une « fleurette champêtre » comme la littérature du 17e siècle n’en a point des gerbes.

Il retrouvait généralement ses amis de Paris vers la Saint-Martin, lorsqu’il n’était pas retenu à la campagne par sa « constitution qui avoit besoin d’estre choyée ».

De la brouille académique il dut se consoler par les témoignages publics de l’école littéraire