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Page:Arnould - Quelques poètes, 1907.djvu/248

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QUELQUES POÈTES

 portez vos pas vers la colline,
reposez-vous sur le gazon.
Vous verrez les vertes prairies,
les grands bois, les plaines fleuries,
sous un ciel serein et clément ;
plus loin, c’est la claire vallée
se déroulant, comme une allée
à travers un jardin charmant.

2. Voyez cet antique domaine
que dore le soleil couchant :
là naquit cet enfant du Maine,
auteur du plus gracieux chant.
Les bruyères, les fleurs rosées,
comme en parterre disposées,
ornent ce berceau plein d’espoir ;
et les grands noyers de la plaine
balancent leur cime hautaine
sous le souffle attiédi du soir.

3. Ô Racan, laisse-moi ta plume,
poète, prête-moi ton cœur,
et que ton souvenir allume
en mon âme un peu de ferveur.
Non, ma muse ne peut décrire
ce paysage que j’admire.
Je cherche et je soupire en vain :
avec toi chanter la nature !
Ah ! ce serait te faire injure,
je n’ai pas ton souffle divin.

4. Oui, c’est là que tu devais naître,
ô Racan, poète enchanteur ;
c’est dans cet asile champêtre
que s’inspirait ton jeune cœur.
Là, de tes douces rêveries
ont dû sortir ces Bergeries
qui rendent ton nom immortel ;
ces prières mélancoliques,
chants merveilleux, accents bibliques,
capables d’émouvoir le ciel.