Page:Arnould - Quelques poètes, 1907.djvu/262

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autres cognurent bien, et se voulurent retirer : nonobstant ce nouveau médecin peu expert, et du tout ignorant en ceste maladie et autres, alléguant certaines expériences, par luy faictes sur mesmes maladies, fit tant par son babil qu’il demeura maistre en son opinion, qui estait de luy appliquer des ventouses sur les hippocondres, contre tout advis et mesme contre le vouloir du chirurgien ; de faict advint que la patiente endurant cette horrible chair-cuterie, et les ventouses encore adhérentes, rendit l’âme à Dieu, dont il fut de tout blasmé, et sa réputation peu grande du tout perdue. Si Antonius Musa, médecin grec, qui fit tant de belles cures à Rome… n’a esté épargné des Romains qu’il n’ait esté lapidé et traîné par toute la ville de Rome, qu’adviendrait-il à faire à ce ventouseur et carnifère médecin, exerçant sa tyrannie et ignorance sur un corps mort, qui est, selon le jurisconsulte, un acte d’infamie et crime capital ? Occasion pourquoi je ne puis moins faire que d’advertir un chascun, qu’entre les mains d’un ; meusnier on n’y perd que sa farine, en celle du mareschal sa mule, en celle de Tadvocat son bien, en celle du tailleur son drap, mais en celle d’un tel médecin on y perd sa bourse et sa vie. »

En dépit de ses embarras, de ses incorrections, de ses archaïsmes du moyen âge, on voit que la prose des Commentaires ne manque point de saveur pittoresque. Les vers dont elle est semée ne la valent point : ils forment, la plupart du temps, les