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Page:Arnould - Quelques poètes, 1907.djvu/277

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collection de ce qui ne le regarde pas et la poésie lui ferait négliger son mortier ; — 2o il tirerait de l’argent de ses visiteurs.

Au premier grief il répond que ses collections ne sont que le prolongement de son officine (il avait dit déjà dans l’Épitre dédicatoire qu’il n’avait que la curiosité de son métier) :

 …Mon cabinet n’a rien, ni mon jardin aussi
que cela qui me tient tous les jours en soucy :
les bois, les fruicts, les fleurs, les feuilles, les racines
sont par moy tous les jours mises en médecines,
les gommes et les sucs, les pierres , les métaux,
les conches[1], les poissons, reptiles et oiseaux,
sont ma profession : l’ouvrier en sa boutique
ne doit-il pas avoir tout outil qu’il applique
pour son art, sans aller, quand il en a besoin,
chercher ce qu’il luy faut en un pays bien loin ?
Ma boutique est toujours abondamment garnie
des remèdes qu’il faut pour toute maladie[2].

Sur la délicate question d’argent il affirme que, comme Ferrand Imperator, le fameux apothicaire de Naples, qu’on lui oppose, il ne demande rien pour la visite de sa collection, mais, comme Ferrand, peut-il refuser lorsqu’un visiteur lui envoie une pièce d’histoire naturelle destinée à enrichir son trésor ou même lui laisse une offrande d’argent avec cette attribution ?

En voilà sans doute assez pour donner une idée de cette espèce de curieux Voyage autour de mon

  1. Les coquillages.
  2. On sait que ouvrier se prononçait alors en 2 syllabes, comme
    fléau, que l’on rencontrera plus loin, en une seule.