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LA MÉTHODE DE CRITIQUE LITTÉRAIRE

de la littérature ; souvent ils leur empruntent des idées générales qui leur serviront, à eux, d’énergiques sergents de bataille, pour ranger leurs diverses théories sur un écrivain. Chez lui, ils nous montreront en gros le bourgeois, le précieux, le Gaulois, le provincial, etc., et les divisions s’alignent ainsi sur un, deux, dix auteurs jugés fermement et intellectuellement, sous des formules brèves et bien classées, sans qu’il y ait besoin de tant méditer sur la vie des gens et de faire tous ces prudents et hésitants détours auxquels s’était condamné le pauvre Sainte-Beuve.

Mais ne soyons point injustes : quelques critiques, non des plus renommés, se sont mis, surtout dans les thèses du doctorat ès lettres français, à étudier lentement et avec précision le tempérament et la vie des écrivains, pour démêler ensuite l’empreinte de l’un et de l’autre sur leurs ouvrages. Ils se sont rendu compte qu’il n’y avait pas de meilleur moyen de comprendre le plus grand nombre des tonalités et des nuances, et ceci n’est-il point une bonne partie, pour ne pas dire le principal de la littérature, parce que c’est en elles que consistent et l’art et les idées exactes d’un écrivain ? Nous apercevons donc là des résultats certains, qui sont un commencement d’application de la méthode biographique, vers laquelle Sainte-Beuve, jadis, nous avait si bien orientés. Mais combien ne reste-t-il pas encore à s’avancer dans cette voie !