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LA MÉTHODE DE CRITIQUE LITTÉRAIRE

Confessions ou l’Année terrible, et ici l’étude de la vie devient pour le critique un devoir impérieux et indiscutable, puisque c’est la seule voie pour lui de contrôler la sincérité de l’écrivain.

Mais les grands classiques ? demande-t-on. — La méthode est très éloignée de s’avouer impuissante à leur égard. Pour le théâtre de Corneille, par exemple, il sera aisé et utile de retrouver l’avocat normand dans les plaidoyers moraux ou politiques, même l’habitant de Rouen dans les vers expressifs sur le reflux des fleuves, partout le chevaleresque contemporain des héroïnes de la Fronde, etc. Nous comprendrons mieux l’amertume des Maximes sur les lèvres de l’amoureux déçu de Mme de Longueville et du capitaine dupé de la folle guerre contre le Mazarin, cette amertume légèrement adoucie, sur la fin, par le charme de Mme de Lafayette qui, présente auprès de son fauteuil de goutteux, lui fait atténuer bon nombre de ses cruels jugements sur l’homme. Comment concevoir la morale hardie de Molière si l’on ne sait l’autorité tyrannique des parents d’alors sur la question matrimoniale ? et le tableau d’ensemble vigoureux et divers, brossé par sa verve, quel moyen y aurait-il de le saisir pleinement, si l’on ignorait les treize années employées d’abord à parcourir tant de nos vieilles provinces en tous sens, par ce chemineau de génie ? Serait-il encore question aujourd’hui d’étudier, comme on faisait jadis, Esther et Athalie tout à la suite d’Iphigénie et de Phèdre, sans distinguer avec soin du pas-