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QUELQUES POÈTES

sionné dramaturge, amoureux de la Champmeslé, le pieux retraité, présidant, en son logis, les processions religieuses de ses jeunes enfants ? Serait-ce d’aventure La Bruyère que l’on prétendrait expliquer sans le replacer en son poste d’observation de Versailles et de Chantilly ? ou par hasard serait-ce Voltaire qui échapperait à la méthode, si du moins on le met au rang des grands écrivains et non pas des grandes influences ? pour lui plus que pour tout autre, l’existence est nécessaire pour commenter les écrits de circonstance, et l’on ne peut expliquer nulle de ses lettres, de ses épîtres ou des tirades philosophiques de ses tragédies, sans les rapporter à l’épisode correspondant, parmi la vie de ce père authentique du journalisme moderne. Témoin cette preuve qui fut naguère bien inattendue : un éminent professeur de la Sorbonne, des plus hostiles à cette méthode et des plus épris d’idées pures, notre regretté maître Léon Crouslé, ayant voulu rassembler, à la fin de son existence, ses idées sur Voltaire, qu’il n’avait jamais cessé d’étudier, fut conduit par la force des choses à donner la plus grande place à l’histoire de la vie, exactement un volume et demi sur deux, 550 pages sur 750[1]. Ce fut, à nos yeux, l’une des plus belles conquêtes de la méthode.

Il est à remarquer que les grands écrivains, en

  1. La Vie et les Œuvres de Voltaire. Paris, Honoré Champion, 1899.