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QUELQUES POÈTES

sans cesse à la bouche le nom de l’ouvrage qu’il prépare et qui l’annonce chaque fois par son titre projeté, lequel revient perpétuellement dans la pièce comme une obsession et presque comme une « scie » : Murillo, sa vie, son œuvre, parodie amusante d’un cliché de titre si usité et si usé, qui recouvre ce que l’on sait, en fait de biographie : un sec catalogue de dates et de faits. Rien n’est moins vivant, rien ne répond moins à ce que ce mot si bref de Vie enferme d’admirable variété et de souple mouvement. L’on n’aboutit ainsi qu’à une image mutilée, informe et incolore de la vivante réalité.

En ce qui regarde les écrivains, la littérature biographique du XIXe siècle (pour ne pas remonter au delà), sans être très riche, présente un certain nombre d’essais honorables. Le premier représentant en est le baron Walckenaer : il donna, en 1820, une Histoire de la vie et des ouvrages de La Fontaine, qui connut quatre éditions. Ensuite il publia l’Histoire d’Horace (deux éditions, 1840 et 1858) et, avec son agréable mais digressive érudition, il entassa des Mémoires touchant la vie et les écrits de la marquise de Sévigné, cinq volumes qui ne la conduisent que jusqu’à l’année 1680, seize ans avant sa mort[1].

À la suite de Walckenaer, nous devons citer Amable Floquet, qui, d’une plume malheureu-

  1. Ils eurent trois éditions. M.  Aubenas publia un sixième volume, mais qui complète les années précédentes, et ne dépasse pas lui-même 1680.