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LA MÉTHODE DE CRITIQUE LITTÉRAIRE

sement lourde, mais admirablement consciencieuse, rassembla des Études sur la vie de Bossuet, d’abord en 1855, jusqu’au préceptorat du Dauphin, qu’il présenta neuf ans plus tard (1864). Il reste encore vingt-deux ans à étudier de la vie du grand évêque. Tels sont ceux que l’on pourrait appeler les professionnels de la biographie littéraire.

Ce genre fut également cultivé par des littérateurs proprement dits, plus hommes du monde, la plume à la main, je veux dire d’une psychologie plus flexible et plus fine, et qui s’y révélèrent des maîtres : ce furent Victor Cousin et Sainte-Beuve, qui ne s’aimaient pas, mais qui servirent avec éclat l’un et l’autre la cause de la biographie.

L’on sait le brillant succès, mélangé d’un peu d’ironie, que remportèrent les monographies des grandes dames du XVIIe siècle, Mmes de Hautefort, de Sablé, de Longueville, etc., dont s’était éprise la laborieuse vieillesse du philosophe.

Cependant, Sainte-Beuve poursuivait sans relâche sa vaste entreprise de biographies littéraires, ou plus exactement, de biographies d’écrivains, dont une partie s’intitule, à juste raison : « Portraits littéraires » : ce sont bien des portraits, en effet, de délicates miniatures que, selon la méthode à la fois biographique et littéraire exposée plus haut, il parfaisait à petites touches, grâce aux nuances infinies de son vocabulaire, trempé aux finesses savoureuses et pittoresques de son maître Montaigne, à qui il emprunte, entre autres choses, l’aimable coutume du redoublement