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LA MÉTHODE DE CRITIQUE LITTÉRAIRE

spécialement la lumière sur la naissance et aussi, beaucoup plus qu’on ne le fait généralement, sur l’enfance, l’homme adulte dépendant sans doute, pour une bonne part, de ses prédispositions héréditaires et aussi de ses premières impressions[1], — de tous ces matériaux rapportés de partout à pied d’œuvre, soigneusement triés d’avance et classés dans l’ordre chronologique, faire une construction d’ensemble, qui sera nécessairement harmonieuse si elle reproduit la vie. L’on sera frappé des périodes qui se marquent d’elles-mêmes dans l’existence que l’on étudie, et, se prêtant aux groupements naturels des faits, sans les violenter, on les présentera aisément en autant de « tableaux » correspondants. Malgré la diligence de l’information, il manquera fatalement quelques pierres à l’édifice : celles-là, quand il sera possible, on les restituera, non point par des hypothèses fantaisistes à la Renan[2], mais selon le maximum de vraisemblance et en se défiant de son imagination, à peu près comme les architectes tentent des « restaurations », par leurs dessins, de monuments antiques qui ne nous sont point par-

  1. Nous avons à présent, pour ces sortes d’excursions, un guide précieux et infatigable en M. André Hallays, qui parcourt, depuis quelques années, toute la France littéraire et artistique En flânant. Lire, sous ce titre, ses chroniques hebdomadaires du vendredi dans les Débats. Il en a déjà réuni un certain nombre en volume : À travers la France (Touraine, Velay, Normandie, Bourgogne, Provence). Perrin, 1903. Nous attendons les autres volumes.
  2. Voir l’étude que nous en avons faite dans la Quinzaine du 16 décembre 1902, Renan et les Études de littérature chrétienne, p. 433-455.