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MALHERBE

tiques. Celles de saint Pierre contiennent encore bien du mauvais goût, mais en même temps de la ( fermeté dans les images et dans la structure des strophes. Celle-ci, bien connue, sur les Saints Innocents, offre l’exemple d’un tel mélange :

Ce furent de beaux lis, qui mieux que la nature,
mêlant à leur blancheur l’incarnate peinture
que tira de leur sein le couteau criminel,
devant que d’un hiver la tempête et l’orage
à leur teint délicat pussent faire dommage,
s’en allèrent fleurir au printemps éternel.

Le roi donna au poète un cadeau de 500 écus, qui lui fit momentanément du bien, mais ne lui procura point encore la situation officielle qu’il rêvait à la Cour.

Les progrès réalisés lentement, mais sûrement, par Malherbe, s’aperçoivent bien dans les célèbres Stances de consolation qu’il adressa à M. du Périer sur la mort de sa fille, en 1599. Le commencement sonne avec cette vivacité d’apostrophe où l’auteur se plut toujours et qui rappelle ici le fameux exorde de Cicéron : « Jusques à quand enfin abuseras-tu de notre patience, Catilina ! »

Ta douleur, du Périer, sera donc éternelle ?
et les tristes discours
que te met en l’esprit l’amitié paternelle,
l’augmenteront toujours ?

Mais sur les vingt et une strophes de la pièce, quatre seulement, hélas ! sont complètement belles : ce sont celles où le poète exprime forte-