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Page:Arnould - Quelques poètes, 1907.djvu/84

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QUELQUES POÈTES

ment le lieu commun de la fatale loi de la mort ; les autres sont bien froides, où il passe en revue les exemples de Tithon, Pluton. Archémore, Priam, François Ier, — lui-même enfin, qui a eu le malheur de perdre deux enfants ; ici peu s’en faut qu’il ne révolte notre sentiment moderne :

De moi, déjà deux fois, d’une pareille foudre
je me suis vu perclus,
et deux fois la raison m’a si bien fait résoudre
qu’il ne m’en souvient plus.

L’année suivante, la fortune envoya au poète une occasion rare : la jeune reine florentine Marie de Médicis, qui venait de débarquer à Marseille, passa par Aix pour aller épouser à Lyon son royal fiancé, occupé par le soulèvement de la Bresse et du Bugey. François du Périer présenta à la princesse Malherbe, qui venait de composer en son honneur une ode de bienvenue : c’est cette noble pièce, dont le début retentit comme un appel de trompettes :

Peuples, qu’on mette sur la tête
tout ce que la terre a de fleurs ;
peuples, que cette belle fête
à jamais tarisse nos pleurs ;
qu’aux deux bouts du monde se voie
luire le feu de notre joie,
et soient dans les coupes noyés
les soucis de tous ces orages,
que pour nos rebelles courages
les dieux nous avaient envoyés.

Mais Marie de Médicis, à cette date, « n’avait encore, dit un contemporain, ni intelligence ni