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Page:Arnould - Quelques poètes, 1907.djvu/98

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matique. Il se consacra uniquement à la poésie lyrique, et, lorsqu’on parlait devant lui, à la Cour, de toutes les règles à observer pour faire une bonne pièce de théâtre, il répliquait avec son ordinaire fatuité : « Je crois que le jugement me les ferait trouver toutes. » Il eut la prudence de ne se point risquer, peu disposé qu’il était à ce genre par sa brièveté d’haleine et par sa pauvreté d’invention.

Ses odes furent tour à tour politiques, amoureuses et religieuses, ou, pour dire vrai, à peu près uniquement politiques, car il chanta l’amour pour Henri IV et invoqua le secours de Dieu au nom de Louis XIII. C’est qu’il avait le sens monarchique au plus haut degré, et l’intelligence profonde de l’œuvre royale qui se poursuivait à ses côtés, cette œuvre que Henri IV commença avec une fermeté déguisée sous la bonhomie, que la régente Marie de Médicis s’efforça de maintenir, pendant quatorze ans, contre les ennemis de l’intérieur, et que Richelieu reprenait avec force aux yeux ravis du poète vieillissant. Il voyait là s’accomplir une besogne d’autorité, analogue à la sienne propre, la foi robuste qu’il avait dans l’une et l’autre lui facilitait ses devoirs de chantre officiel, et dans la fierté sereine de sa conviction, il traitait le roi de France ou la reine régente presque d’égal à égal, il allait même jusqu’à les prendre, à certains jours, sous sa protection poétique, vis-à-vis de la postérité.

Tel est le sentiment profond qui anime plu-