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MALHERBE

sieurs strophes de son œuvre, et comme la facture en est toujours Tort soignée, il avait là d’excellents modèles de netteté réalisée à offrir à son école de la rue des Petits-Champs, s’il savait du moins choisir dans ses pièces de cent à deux cents vers, où bien des parties sont froides et prosaïques.

Maintes fois, en ses odes politiques à Henri IV, il invoque avec bonheur « le grand démon » de la France en faveur de la prospérité du couple royal, comme il le fait en décembre 1605 :


Garde sa compagne fidèle,
cette reine, dont les bontés
de notre faiblesse mortelle
tous les défauts ont surmontés .
Fais que jamais rien ne l’ennuie ;
que toute infortune la fuie ;
et qu’aux roses de sa beauté
l’âge, par qui tout se consume,
redonne contre sa coutume
la grâce de leur nouveauté.
 
Serre d’une étreinte si ferme
le nœud de leurs chastes amours,
que la seule mort soit le terme
qui puisse en arrêter le cours.
Bénis les plaisirs de leur couche
et fais renaître de leur souche
des scions si beaux et si verts,
que de leur feuillage sans nombre
à jamais ils puissent faire ombre
aux peuples de tout l’univers…

Après l’assassinat du roi, la régente hérite des hommages magnifiques du poète. Ainsi, au début 3*