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Page:Arnould Greban - Le mystère de la passion.djvu/66

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en enfer, et la se rendoient[1]
privés de consolacion,
Si non de l’espoir qu’ilz avoient
55et que par vraye foy savoient
en fin avoir redempcion ;
Mes la grande dilacion
de la pacificacion
moult tristes et pensifs paindoient,[2]
60Car la male transgression
leur causoit la privacion
de la gloire qu’ilz attendoient.

Tant grevable estoit ceste offence
que Justice de la sentence[3]
65ne se vouloit a mercy traire
Et tenoit la cause suspence,
se du fait n’avoit recompence,
a qui qu’il tournast a contraire.[4]
L’omme n’avoit de quoy la faire,
70angle n’y povoit satisffaire :
qui restoit il mes d’apparence.
Fors que Dieu, qui tout peust reffaire,
venist la nature parfaire
qui de son bien ot tel carence ?

75   Les patriarches a hault son[5]
demandoient ceste ranson[6]
pour parvenir a vray repos,
Eulx gemissans en la prison,[7]
et banis sous leur mesprison,
80de béatitude forclos,
Iceulx en si desplaisant clos[8]
par rigueur de justice enclos,[9]
crians sans cesser a hault ton,
Pooient proférer tels mos :
85 « Veni ad liberaudum nos,
« Domine Deus virtutum !


« Ne nous laisse plus icy vivre,
« bon Dieu, mes vien, si nous délivre,[10]
« qui tant desirons ta venue ;
90« Vien de fait et œuvre le livre
« ou tu sces nostre debte esuyvre,
« par qui prison avens tenue. »
Quand la journée fut venue,
leur requeste fut obtenue
95et de servitude délivre ;
Lors fut la finance randue.
quand en croix fut morte estandue
la char de cil qui tout bien livre.

Lors paya le dangereux pris
100celluy ou tous biens sont compris,
c’est Jhesus, nostre doulx saulveur :
Lors celluy qui prenoit fut pris,
lié, conffondu et surpris
sans jamés espoir de vigueur ;
105Et c’est la cause sans faveur[11]
qui nous meust pour bien et honeur
d’avoir cestuy mistere empris.
De vous demonstrer par doulceur
la passion et la douleur
110que pour nous tous a entrepris.

Monstrer voulons par parsonnages
aucuns des principaux ouvrages[12]
que fist nostre seigneur pour nous,[13]
Les paines, travaulx et oultrages,
115temptacions et griefs dommages,
qu’il voult endurer pour nous tous.
Se la reverance de vous
faultee y voit dessus ou dessoubz,
trop dit ou faulte de langages,
120Soiez amiables et doulx
et nous corrigez sans courroux :
n’en serons auttreffois plus sages.

Prenez ce que bon vous sera
et le surplus l’en laissera,
125car tout ne poons pas attaindre ;
Nostre procès mieulx en vauldra
et plus grant proffit en sauldra,
sans nostre matière cantraindre ;
Mes pour nostre ignorance estaindre
130ou presumpcion pourrait maindre,
ung chacun de nous requerra
La Vierge quel ne veille faindre[14]
a nous bien régir et constraindre,
en disant Ave Maria.[15]

[Ave Maria.]


135endVeni ad liberandum nos,[16]
Domine Deus virtutum !
Je dis encore a mon propos
par le thème de mon sermon[17]
que les prophetes de renom

  1. 52 et tous en enfer descendoient B. C.
  2. 59 plaignoient A.
  3. 64 sa C.
  4. 68 a qui qui A. a qui que B.
  5. 75 les patriarches a grant son B.
  6. 76 raenson B. C.
  7. 78 tel C.
  8. 81 et eulx en tout B. C.
  9. 82 vertu B.
  10. 88 vien si] viens et B.
  11. 105 sans faueur] beaulx seigneurs B. C.
  12. 112 de C.
  13. 113 sauueur C.
  14. 132 que ne C.
  15. 134 sen dirons B. C. Les mots entre crochets manquent A.
  16. 135 nos etc. C.
  17. 138 pères sains — de foy et espérance sains B. G.