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l’évolution des mondes

brome, le soufre, le phosphore et l’arsenic, qui jouent cependant un rôle des plus importants dans la constitution de la terre. Or on en retrouve dans les météorites, et il ne subsiste plus le moindre doute qu’ils fassent partie également du soleil et des autres globes célestes. Seulement ces métalloïdes ne produisent que difficilement des spectres, et c’est là la seule raison pour laquelle on n’a pas encore pu prouver leur existence, dans les étoiles, par l’analyse spectrale.

En ce qui concerne les gaz récemment découverts, l’hélium, l’argon, le néon, le crypton et le xénon, on en a constaté la présence dans le chromosphère, par les moyens de leurs spectres, pendant diverses éclipses de soleil (Stassano). Toutefois, suivant l’opinion de Mitchell, les affirmations concernant le krypton et le xénon ne seraient pas encore absolument établies.

Les grains minuscules de poussière qui sont chassés par la pression de radiation dans l’espace immense, vers les soleils et les étoiles situés à des distances les plus variées, peuvent se rencontrer et s’aggréger en masses plus ou moins grandes, pour former de la poussière météorique ou des pierres météoritiques. Ces aggrégations tombent en partie sur d’autres mondes, sur les étoiles, les planètes, les comètes ou sur des satellites. En partie, — sans doute en majeure partie même —, elles flottent dans l’espace. Elles y forment une sorte de brume, qui, comme d’autres plus grands corps célestes obscurs, nous retire quelque peu de la lumière envoyée à notre globe par les soleils éloignés. Si l’espace céleste est rempli de fines poussières, celles-ci doivent laisser passer, tout comme celles de notre atmosphère lors du coucher du soleil, de la lumière rouge, de préférence à la lumière bleue. De même que le soleil parait plus rouge lorsqu’il approche de l’horizon, c’est-à-dire quand ses rayons sont obligés de traverser une plus grande épaisseur d’air chargé de poussières, que lorsqu’il est haut dans le ciel, la lumière des étoiles éloignées devrait être en général plus rouge que celle