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l’évolution des mondes

négative, celle-ci s’amasse également à la périphérie de la nébuleuse. Ce phénomène dure jusqu’à ce que la tension électrique devienne suffisante pour qu’il y ait émission d’électrons, et un commencement de décharge.

Il en résulte comme conséquence, que les gaz périphériques arrivent à l’incandescence, malgré que leur température ne dépasse sans doute que de très peu, 50 degrés peut-être, le zéro absolu, ou ‒273° C. Nous arrivons, par cette luminosité, à constater leur existence. Comme la majeure partie des particules de poussière est arrêtée avant d’avoir pénétré un peu profondément à l’intérieur des nébuleuses, ce sont en somme lus parties extérieures des nébuleuses ou brouillards cosmiques qui nous envoient leur lumière. Cela concorde absolument avec la description que fait Herschel des nébuleuses planétaires, qui ne présentent à leur centre aucun renforcement de lumière, mais qui brillent, dit-il, comme si elles formaient « une enveloppe sphérique creuse », de matière nébuleuse.

Or, il est aisé de démontrer que ce sont seulement les éléments les moins facilement condensables, tels que l’hélium et l’hydrogène, qui puissent exister à l’état gazeux à une température aussi basse. C’est pourquoi les nébuleuses ne brillent presque exclusivement que par des rayons de ces gaz. On y trouve cependant encore une autre matière, encore mystérieuse, qu’on a appelé le « nébulium », dont la lumière très particulière n’a encore été observée nulle part ailleurs, ni sur la terre, ni dans celle d’aucun corps céleste. Jadis on expliquait ce fait en disant que les nébuleuses ne contenaient aucun autre corps que ceux énumérés plus haut, ou encore que tous les autres éléments s’y trouvent décomposés en hydrogène. L’hélium était encore inconnu à ce moment. Mais une explication bien simple est celle-ci : que les seuls gaz des couches extérieures arrivent à l’incandescence. Quant à ce qui se trouve dans leurs parties profondes, nous l’ignorons absolument.

Cette explication a rencontré deux objections. Elle aurait,