Page:Arrhenius - L’évolution des mondes, 1910.djvu/147

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
127
nébuleuses

dit-on, pour conséquence que la totalité de la voûte céleste devrait briller d’une lueur de nébuleuse. D’autre part, notre atmosphère terrestre même devrait nous la manifester. Mais, en ce qui concerne celle-ci, l’hydrogène et l’hélium ne s’y trouvent qu’en quantités infimes. Par contre elle donne au spectroscope une autre lumière, qu’on a appelé la lumière aurorale (Nordlichtlinie) qui est probablement causée par du krypton. Où que l’on dirige le tube du spectroscope par une nuit très claire, et particulièrement sous les tropiques, on en remarque la ligne verte très particulière. On la croyait spéciale à la lumière zodiacale, mais des investigations très serrées ont fait reconnaître qu’on la trouve sur tous les points de la voûte céleste, en l’absence de toute lumière zodiacale. L’objection précitée est donc ainsi détruite, car l’observation approfondie nous apprend que notre déduction est absolument d’accord avec l’expérience.

En ce qui concerne la première des deux objections il faut remarquer que si nos sens perçoivent une lumière, c’est que son intensité dépasse une certaine valeur minima. Mais il peut exister des nébuleuses, — et c’est probablement la majorité d’entre elles —, que nous ne saurions apercevoir parce que le nombre des atomes de poussière chargées d’électricité qui y parviennent, est beaucoup trop insignifiant. Ce point de vue a trouvé sa confirmation dans la subite manifestation de l’étoile nouvelle de Persée, le 21–22 février 1901. Deux sortes de particules poussiéreuses furent chassées de cette étoile, dont l’une se déplaçait avec une vitesse sensiblement double de l’autre. Ces masses poussiéreuses formèrent deux enveloppes sphériques autour de l’étoile nouvelle. Elles correspondaient, sous tous les rapports, à deux catégories de queues que l’on peut observer parfois à une même comète (voy. fig. 35). Ce sont les queues des première et deuxième catégorie de Bredichine. Lorsque ces poussières rencontrèrent les masses nébuleuses qui se trouvaient sur leur passage, celles-ci devinrent lumineuses, et