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l’évolution des mondes

de radiation était naturellement un grand nombre de fois celui de la surface solaire. Les masses poussiéreuses, expulsées par l’étoile nouvelle, ont dû avoir une vitesse beaucoup plus grande que celle de notre soleil. Cette vitesse n’a pas pu, cependant, égaler celle de la lumière elle-même, qui ne peut jamais être complètement atteinte par l’effet de la pression de radiation.

Il n’est pas difficile de se faire une idée de la force énorme sous laquelle s’est produite cette collision de deux mondes. Un corps quelconque, une météorite par exemple qui, des espaces célestes, se précipite sur le soleil, acquiert, au moment de sa chute sur celui-ci, une vitesse de 600 kilomètres par seconde. La vitesse de chacun des deux globes qui se sont rencontrés doit avoir été du même ordre.

Ce choc est en général un choc oblique. Bien qu’une partie de l’énergie dépensée se soit transformée en chaleur, le surplus doit donner à l’ensemble une vitesse de rotation de plusieurs centaines de kilomètres par seconde. Celle actuelle de notre soleil, — 2 kilomètres par seconde à l’équateur —, est infiniment petite par rapport à celle-là ; plus encore celle de notre globe terrestre, qui n’est que de 0,465 km. par seconde à l’équateur. Nous ne commettrons donc point d’erreur bien grande en négligeant la vitesse de rotation que pouvaient avoir l’un et l’autre corps avant leur rencontre.

La collision aura fait jaillir des deux corps, perpendiculairement à leurs trajectoires primitives, deux puissants jets de matière, situés sensiblement dans le même plan. La vitesse de ces jets de matière dépendra de la vitesse de rotation du corps double qui s’est formé, vitesse qui, d’ailleurs, s’en trouve diminuée (voy. fig. 46). Rappelons ici, que lorsque de la matière provenant du centre arrive à la surface du soleil, elle s’y comporte forcément comme un corps puissamment explosif. Les gaz expulsés seront violemment poussés en avant par la rotation de la partie centrale. Nous pouvons nous faire une repré-