2o AU POINT DE VUE DE LA FORME
En outre cette nécessité pour le théâtre de se retremper aux sources d’une poésie éternellement passionnante et sensible pour les parties les plus reculées et les plus distraites du public, étant réalisée par le retour aux vieux Mythes primitifs, nous demanderons à la mise en scène et non au texte le soin de matérialiser et surtout actualiser ces vieux conflits, c’est-à-dire que ces thèmes seront transportés directement sur le théâtre et matérialisés en mouvements, en expressions et en gestes avant d’être coulés dans les mots.
Ainsi, nous renoncerons à la superstition théâtrale du texte et à la dictature de l’écrivain.
Et c’est ainsi que nous rejoignons le vieux spectacle populaire traduit et senti directement par l’esprit, en dehors des déformations du langage et de l’écueil de la parole et des mots.
Nous comptons baser le théâtre avant tout sur le spectacle et dans le spectacle nous introduirons une notion nouvelle de l’espace utilisé sur tous les plans possibles et à tous les degrés de la perspective en profondeur et en hauteur, et à cette notion viendra s’adjoindre une idée particulière du temps ajoutée à celle du mouvement :
Dans un temps donné, au plus grand nombre de mouvements possibles, nous joindrons le plus grand nombre d’images physiques et de significations possibles attachées à ces mouvements.
Les images et les mouvements employés ne seront pas là seulement pour le plaisir extérieur des yeux ou de l’oreille, mais pour celui plus secret et plus profitable de l’esprit.