soin de vous à votre arrivée et on vous facilitera le travail qui vous conviendra le mieux. La vie est à très bon marché et les salaires très élevés, un ouvrier peut gagner par jour une demi-guinée et plus.
— C’est magnifique, reprit le paddy ; femme, qu’en dis-tu ?
Jenny s’était rapprochée depuis quelques instants et avait entendu les propositions de l’étranger.
— Je voudrais bien, répondit-elle, mais nous n’avons plus de vêtements pour nous couvrir, mes enfants sont en haillons.
— On vous donnera les objets indispensables, cela vous convient-il ?
— Oui, monsieur, oui, s’écrièrent à la fois Willy et sa femme.
Tomy gardait le silence, les offres de l’étranger lui souriaient, mais il pensait à Colette. La jeune fille ne l’aimait pas encore, cependant elle n’était pas pressée de se marier ; qui sait ? tout espoir ne lui était pas enlevé.
Ce rêve semblait impossible, mais le cœur n’a-t-il pas des raisons que la raison ne peut comprendre ? Empêchera-t-on la jeunesse de se nourrir d’illusions ?
L’étranger avait tiré de sa poche un élégant calepin, il prit les noms et les âges de tous les membres de la famille Podgey.
— C’est donc convenu, dit-il, je vais faire les démarches nécessaires. Vos fils sont-ils aussi de cet avis ? ce sont des jeunes gens d’âge à se prononcer.
— Nous consentons, dirent George et William.
— Et vous, jeune homme ? demanda l’étranger à Tomy.
— Je ne sais pas, balbutia-t-il ; je veux réfléchir.
— Mais tu ne peux faire autre chose, lui dit son père.
Tomy se demandait si Colette consentirait à le suivre en Australie ; non, sans doute, et il ne pouvait se décider à partir.