Page:Asselin - L'œuvre de l'abbé Groulx, 1923.djvu/29

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
29

ciens capitaines de milice canadiens. Ceux-ci ne connaissent rien de la loi, mais ils font de leur mieux. Du côté anglais également, sincère désir de bien faire. Les droits du français sont respectés, les nouveaux maîtres comprenant l’impossibilité de gouverner un peuple dans une langue qu’il n’entend point. Dans l’ordre matériel, la colonie panse ses blessures, se remet au travail ; et cette heureuse diversion aux horreurs de la guerre est probablement pour la masse paysanne le plus fort motif de ralliement au nouveau régime. En matière religieuse, on ne sait trop à quoi s’en tenir. Le traité de 1763 n’a à peu près rien changé au statut civil et religieux des vaincus. En déclarant les colonies exemptes du serment antipapiste, les conseillers-juristes du gouvernement anglais atténuent le danger du dispositif qui, tout en concédant la liberté du culte, la subordonne aux « lois de la Grande-Bretagne. » Mais du fond de son palais le sournois Georges III règle dans tous ses détails la protestantisation de la Nouvelle-France. Depuis la mort de Mgr de Pontbriand, en mai 1760, pas d’évêque à Québec, le gouvernement ne concevant pas comme essentielle à l’exercice du culte l’existence d’évêchés, contraire à la loi du royaume. Le dépeuplement du clergé, la fermeture partielle du collège des Jésuites, la suppression des gratifications royales, font le plus grand tort à l’instruction. Publiquement, Murray fait assaut de prévenances, de libéralités, envers le clergé, les