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réal et de Québec, élément cupide, brutal, de vue courte et trouble, soutenu à Londres par les lords du commerce, contre Murray d’abord, contre Carleton ensuite. Comme Murray, Carleton, frappé de l’immense supériorité morale et matérielle du colon canadien sur la plèbe grossière, voisine de la brute, qu’est à cette époque la classe inférieure du peuple anglais, est tout de suite séduit par la haute civilisation de ces paysans gentilshommes : cela ne l’empêchera pas lui non plus d’y aller de ses mémoires secrets au gouvernement anglais pour la suppression immédiate ou graduelle des communautés religieuses et la diffusion du protestantisme. L’impossibilité de communiquer avec l’Église de France entravera, pendant plusieurs années encore, le recrutement et la formation des clercs. L’institution du jury est une médiocre compensation à tous ces malheurs. « Pendant dix ans, constate un des devanciers de l’abbé Groulx, les Canadiens se verront administrés contre leur volonté et contre leurs intérêts. » En revanche, la reconnaissance de Mgr Briand assure la vie de l’Église, la fondation du Collège de Montréal remédie dans une certaine mesure, pour l’enseignement secondaire, à la fermeture partielle du collège des Jésuites, et surtout, les prodromes de révolte des colonies voisines inclinent la métropole à une vue plus juste de ses intérêts. 1774 verra le vote de la première constitution canadienne par le parlement anglais. Vingt-cinq ans après la con-