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guerre de la succession d’Espagne, la guerre de la succession d’Autriche, la guerre de Sept ans. M. Groulx le dit lui-même, durant toute cette période (de 1648 à 1755), la métropole n’aura pas eu plus de trente ans de paix à la fois. À supposer — ce qui est douteux — que certaines de ces guerres ne fussent pas commandées par les intérêts supérieurs de la France, il en est d’autres, comme la guerre de Sept ans, que la Prusse et l’Angleterre provoquèrent par des manquements délibérés à la foi jurée. Or, un simple coup d’œil sur l’histoire de l’époque montrera que la France et l’Angleterre n’étaient pas dans des conditions d’égalité pour les guerres coloniales, particulièrement pour celles d’Amérique. En 1759 l’Amérique anglaise compte plus de 2,000,000 d’habitants et le Canada 60,000. À la distance où est la France, il faudrait toutes les forces militaires du royaume pour venir à bout des armées que l’ennemi peut mettre sur pied de ce côté. Cela, on le verra bien lorsque l’Angleterre elle-même essaiera de réduire par la force des armes ses colonies insurgées. Or, n’en déplaise à Montcalm dont la vue est faussée et le jugement court, Dieu sait si la France peut se permettre à ce moment de diviser ses forces. Il y a aussi la disproportion des forces navales. Clemencaux avant la lettre, le Régent et Fleury ont subordonné la politique française aux intérêts anglais ; pendant toute la Régence la marine a périclité. Et l’on peut certes reprocher