Page:Asselin - L'œuvre de l'abbé Groulx, 1923.djvu/41

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
41

cette faute au Régent, mais alors qu’on ne parle plus de la prétendue « sottise » d’une politique qui visait à défendre contre la Prusse grandissante la légitime influence de la France, et aussi — les événements l’ont prouvé en 1870 comme en 1914 — la cause de la paix européenne. La conservation des forces militaires françaises en Europe était d’ailleurs la seule tactique qui eût chance de succès. En pareil cas, l’erreur ordinaire des historiens coloniaux — et c’est celle de tous les nôtres — est de n’envisager que leur petit coin du théâtre de la guerre. De tout temps c’est sur le théâtre principal de la guerre que se sont décidées les conditions des traités de paix. En 1918, le sort des Camerouns s’est réglé à Lens et au Chemin des Dames. « En Allemagne, disait Pitt, je conquiers l’Amérique, » et il avait raison. De même le seul terrain sur lequel Louis XV pût espérer conserver l’Amérique, c’était l’Europe. Accablé par le nombre, il succombe. Dans les négociations qui suivront, lui et Choiseul n’en lutteront pas moins jusqu’au bout pour faire annuler la capitulation de Montréal et sauver le Canada. Nous en trouvons l’aveu dans les Lendemains de conquête, page 181. En échange du Canada, qui pourtant n’a guère à leurs yeux qu’une valeur sentimentale, ils offrent le landgraviat de Hesse et le comté de Hanau, territoires européens dont la possession importerait à la grandeur militaire et politique de la France. M. Groulx le recon-