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général fort suffisantes pour le commun des hommes, M. Groulx ne s’est nullement obstiné dans sa faute. Pour prouver à son critique qu’il n’a pas mauvaise tête, qu’il ne demande qu’à contenter le plus de monde possible, dans son livre suivant, Vers l’émancipation, il a donné au complet en appendice la bibliographie de ses notes.

Aussi bien, ce que l’on reproche à l’abbé Groulx, c’est moins ses erreurs de fait que ses conclusions. On lui tient surtout rigueur — quand toutefois on se risque à s’en exprimer publiquement — d’avoir fait de l’histoire nationaliste.

À ce propos il faudrait voir d’abord ce que l’on entend par l’impartialité en histoire. J’en atteste Môssieu Prud’homme, l’impartialité n’est pas la neutralité. Les Boches ont inventé surtout à l’usage des autres la fiche incolore et inodore ; les Langlois et les Seignobos une fois à cheval sur cet ingénieux dada, Mommsen et Treitschke pourront faire à leur aise de l’histoire allemande, de la bonne petite histoire allemande. Si tel auteur, comme Thucydide, tient à rester neutre dans le conflit des factions de son temps, il en a bien le droit ; mais s’ensuit-il que pour l’historien le seul fait de conclure et de juger soit une marque de partialité ? L’abbé Groulx répond :

L’histoire est un acte moral, non affranchi par conséquent des finalités suprêmes. Notre ambition et notre droit sont de l’écrire et de l’enseigner comme doivent le faire un catholique et un Canadien-Français. L’historien doit travailler avec toute sa personnalité ; s’il fait le