Page:Asselin - L'œuvre de l'abbé Groulx, 1923.djvu/73

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putation canadienne-française empoignée aux entrailles par les sentiments les plus profonds des races, le chef de cette députation, sir Wilfrid Laurier, — lui aussi, remarquons-le bien, partisan de l’ordre du jour Lapointe, — quitte son siège et va dire, « flatteur, » à son éloquent collègue : « Mon cher de Lantagnac, vous êtes une puissance. Dieu veuille que je ne vous aie jamais contre moi. » Ici l’auteur ne commet pas une maladresse : à son insu, il touche au grand art. Non ; les pages que j’ai à l’esprit, ce sont celles où le romancier laisse cet illustre cabotin de Barrès parler par sa bouche. À une époque de déliquescence où l’estomac débilité des catholiques français ne pouvait plus retenir le Joseph de Maistre, le Bonald, le Fustel de Coulanges, le Barbey d’Aurevilly, le LePlay, Barrès s’est fait une réputation de génie politique dans un monde de douairières et d’arrivistes ralliés, en lui dispensant au compte-goutte la substantificque moelle de ces grands mâles. Dans les chapelles littéraires, sa réputation s’est édifiée sur un petit vocabulaire amorphe de crétin, inventé pour donner le change sur un des cas d’impuissance littéraire les plus nettement caractérisés de notre époque. « Son moi, » « les virtualités de son moi, » « les réactions subconscientes de son moi » : ces formules et quelques douzaines d’autres pareilles, c’est ce constipé prétentieux et malin qui les a substituées, dans la langue française, à celles qui désignaient autrefois, avec