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leurs diverses manifestations, la personne, la personnalité, l’individualité, l’être intérieur. La pensée politique de l’abbé Groulx ne souffre pas de la déférence qu’elle montre à Barrès, puisque en l’espèce l’hommage va par-dessus sa tête aux œuvres capitales où l’auteur de Colette Baudoche a alimenté son psittacisme. Il n’en est pas ainsi de son style de romancier. Il fait dire à Lantagnac : « Une ambition fébrile me possède de réannexer à mon âme toutes les puissances qu’elle avait perdues. » Ce charabia n’est pas du mauvais Barrès, c’est du Barrès.

Enfin et pour clore le chapitre des réserves, je dirai en deux mots mon humble avis sur ce qu’on est convenu de regarder comme la principale œuvre régionaliste de l’abbé Groulx. Je m’en suis expliqué ailleurs, ce que je reproche à la meilleure de notre littérature régionaliste, — ne parlons pas de la pire, — ce n’est pas le genre, c’est la manière, et par là j’entends surtout sa superficialité. Les Rapaillages, que je viens de lire en entier pour la première fois, ne m’ont pas fait changer d’avis. La vente d’une vieille jument qu’on aime, la fête d’écoliers donnée au bénéfice de l’école nationale, les vieux parents qui s’attachent aux vieilles choses en dépit de la jeunesse, la croix des chemins, la marche au catéchisme, la coupe du blé, le livre de messe familial, le galopin qui s’égare pour avoir marché sur « l’herbe écartante, » le tricot de grand’mère, le dernier « voyage » de foin : des scènes et des