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PENSÉE FRANÇAISE
frais de port de ce bureau de poste est le montant sur lequel le traitement du directeur et du directeur adjoint de la poste à ce bureau de poste doit être calculé.

Cela, Mesdames et Messieurs, c’est le français en usage dans la plupart des bureaux français de l’administration fédérale.

Nos rédacteurs et traducteurs fédéraux, dont je connais la plupart pour des hommes d’une vaste érudition, d’une belle culture et d’une absolue probité, ont l’excuse péremptoire — reproche, il est vrai, à ceux des ministres canadiens-français qui leur laissèrent assigner, dès les commencements du régime confédéral, cette situation subalterne, – d’être en l’espèce soumis à des directions anglaises.

Mais Montréal est une ville française. Mais le Québec est une province française.

Il ne faut pas, direz-vous, exagérer l’attention accordée par le peuple aux textes officiels. Je n’en disconviens pas. N’est-il pas néanmoins probable qu’après avoir été propagées pendant trente, quarante et cinquante ans par les journaux, de pareilles proses finiront par exercer une action épouvantable sur l’esprit d’un peuple que passionne la chose publique sous toutes ses formes ? Or, Mesdames et Messieurs, les fonctionnaires de la ville de Montréal, de la province de Québec, ils ne sont pas de ceux que l’opinion populaire tient pour des illettrés ; beaucoup ont reçu l’enseignement secondaire moderne tel qu’il se donne chez nous ; bon nombre ont passé par le collège classique.

Un monde financier, industriel et commercial qui a moins que jamais le sens du français ; une magistrature et un barreau qui parlent et écrivent aussi mal que la moyenne des boutiquiers ; une presse dont les articles de fond ne sont que l’appât qui fera mordre le public à une marchandise avariée ; un personnel législatif et administratif dont