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SÉPARATION




JE suis entré au Canada comme rédacteur en chef au mois d’octobre 1930. J’avais évidemment mes raisons pour me démettre volontairement de cette charge plusieurs mois avant l’expiration de mon engagement, fixée pour le 1er novembre prochain. Je dois cependant à la direction l’hommage de déclarer que durant les trois ans et cinq mois que j’ai été à son emploi je n’ai subi de sa part aucune pression ; qu’elle ne m’a pas un seul instant donné l’impression que je ne fusse en toute chose un homme libre. Tout ce que j’ai voulu écrire, je l’ai écrit. On ne m’a jamais demandé d’écrire quoi que ce soit qui ne fût l’expression parfaite de ma pensée, jamais reproché ces nombreux articles où je prenais sous ma signature des attitudes contraires, sur certains points, soit aux attitudes antérieures du journal, soit même à la politique traditionnelle du parti libéral. Cela, je le dis pour l’édification d’une jeunesse qui croit ou feint de croire que les hommes d’idées personnelles n’ont pas de place dans nos partis politiques, et que ces formations, pour se maintenir, sont forcées de se soumettre à ce que l’on appelle la « tyrannie morale » des chefs.

Non moins agréables que mes relations avec la direction du Canada ont été mes relations avec le